La première génération dorée

Amsterdam, dimanche 10 juin 1976

L’équipe d’Uccle Messieurs, dont c’est la première participation, joue la demi-finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions, dans le fameux Wageneer Stadium d’Amstelveen, aux Pays-Bas, la Mecque du hockey européen.

Face à elle, les champions d’Allemagne, Russelsheim (avec plusieurs internationaux, derniers vainqueurs des JO de Munich), qui a éliminé l’équipe locale d’Amsterdam, favorite du tournoi, en match de poule.

Laissons la plume à Jean Noël, envoyé spécial du journal les Sports :

« Ce fut une Pentecôte glorieuse pour les Merles qui donnèrent à Russelsheim une leçon de hockey intelligent et efficace, avec Zembsch dans les buts, Miserque en libero, Van Eeckhout, JL Maroye, Smeekens, De Saedeleer et Peetrons au milieu et devant Stoupel, P Urbain, JC Moraux fantastique dans ses jongleries efficaces et Bob Maroye en fonceur terrifiant.

En 10 minutes les Allemands en ont vu de toutes les couleurs mais curieusement ce sont eux qui ouvrent la marque, et Smeekens égalise sur stroke à la 22e minute. Uccle, ultra dominateur, se trouve de plain-pied au cœur d’une exhibition étincelante. Coco De Saedeleer transforme 3 pc à la 30e, 42e et 47e minute pour faire 4-1 ; un sursaut désespéré des Allemands les ramène à 4-3 à la 65e mais Uccle redouble d’intensité et Urbain fait 5-3 à la 66e et De Saedeleer, encore, juste avant le coup de sifflet final conclut un nouveau pc tonitruant pour un 6-3 bien tassé.

Le clan Ucclois est subjugué, comme toute l’assistance d’ailleurs, car les Merles viennent de causer une impression énorme ». « On avait parfois envie chacun de s’arrêter pour regarder jouer les autres tant c’était exceptionnel, nous avoua l’un d’entre eux ».

Le lendemain, en finale, notre équipe est battue 3-2 par les champions d’Angleterre, Southgate, au cours d’un match plus nerveux, moins abouti probablement. Sans doute Uccle a-t-il le match en mains à 2-2 durant les 10 dernières minutes, mais les 3 derniers petits corners de Coco De Saedeleer sont sauvés sur la ligne ou déviés « miraculeusement ». Et ce qui devait arriver arrive, sur un contre, Southgate obtient aussi un pc qu’ils transforment à 2 minutes de la fin (photos a, b, c, d, e).

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La nouvelle génération

La nouvelle génération d’Ucclois, tous formés au club à l’exception de Guy Miserque arrivé en 1969, trouve néanmoins sa plénitude. Elle a, enfin, 1 an plus tôt en 1975, conquis le 3e titre de Champions de Belgique de l’histoire du club (les 2 premiers datent de 64 et 65) après avoir été tout près, pendant plusieurs années, devancée par son éternel rival le Léopold, plus régulier (photos 1,2,3,4).

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Uccle conquiert

Mais un dimanche de mars 1975 au terme d’un match brûlant, palpitant, Uccle remporte contre le Léo, sur notre terrain, le match qu’il fallait gagner par 3-2, après un dernier but d’Urbain à 10 minutes de la fin. C’est l’euphorie, Uccle conquiert, dans la foulée, 4 titres consécutifs, en cède un au Léo, pour en gagner 6 d’affilée ensuite (photos 5, 6).

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Pour en arriver là l’équipe avait travaillé d’arrache-pied, avec persévérance, avait recherché les contacts internationaux en allant régulièrement disputer des rencontres le soir en semaine contre des équipes hollandaises et participer de nombreux tournois pendant les arrêts du championnat : à Folkestone, à Barcelone et aux Pays-Bas.

En 1977, la Coupe d’Europe des clubs champions se déroule à Londres et est l’occasion d’un autre exploit Ucclois. On dispute 4 matches en 4 jours. La formule comporte 4 poules de 3. Les quatre vainqueurs de poule jouent les ½ finales. Lors du premier match Uccle affronte les champions de Yougoslavie le Suboticanka, qui s’est largement renforcé pour la CE 1, notamment par quelques mercenaires et quelques brillants joueurs hindous.

Uccle, très déconcentrée, est menée de manière stupéfiante 5-1 après 50 minutes de jeu mais on assiste alors à la remontada la plus spectaculaire puisqu’en 20 minutes Uccle empile 5 goals d’anthologie, remporte le match, et se qualifie le lendemain contre le champion d’Ecosse pour jouer le samedi en ½ finale contre Terrassa, le club espagnol.

La victoire s’obtient en prolongation, après des tirés de strokes, grâce à 5 tirs réussis sur 5 de notre côté pour 4 aux Espagnols qui manquent leur dernière tentative.

En finale, Uccle succombe à nouveau devant Southgate, sans discussion cette fois par 4-1, dans un match en demi-teinte. La déception est à nouveau énorme.

Les titres et les succès

Les titres et les succès s’amoncèlent toutefois dans la suite (photo 7). La Coupe d’Europe des Clubs Champions (tant masculine que féminine) est organisée à Uccle en 1981 (photos 8, 9). La saison 83-84 est particulièrement animée. A la fin du championnat Uccle et Rasante sont à égalité de points.

Photo 7

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Photo 9

Un test match est organisé sur le terrain synthétique de la Rasante, alors dans les installations d’Auderghem, le 3 mai 1984 en fin de journée, un mercredi soir.

La rencontre est de haut niveau, arbitrée par des Français, Alain Renaud et Louis Gillet, alors considérés comme les meilleurs du monde, et se termine sans but, et devant plus de 1500 spectateurs enthousiastes, après un match de grande facture qui ne peut départager les 2 protagonistes y compris après 2 prolongations.

La 2e test match, le replay, a lieu à Uccle le 27 mai sur gazon naturel et se termine par une courte victoire des Ucclois par 1-0, grâce à un but d’Alain Geens après un effort de Bernard Cuvelier. La joie est immense.

Uccle a entretemps gagné la Coupe de Belgique contre la même Rasante 3-0 et affronte la fameuse équipe du Pakistan en tournée européenne. Cette dernière rencontre est passionnante et à la surprise générale les Ucclois l’emportent 3-2 sur cette équipe qui, dans la même composition, allait devenir championne olympique à Los Angeles.

Quelques jours plus tard se joue la Coupe d’Europe des clubs champions à Barcelone à Terrassa. Les équipes doivent s’affronter partagées en 2 poules de 4. Trois matches de classement d’abord contre de fameux clients, les Russes d’Alma Ata, champions d’Europe en titre, les locaux de l’Athletic de Terrassa et les Irlandais de Belfast. Alma Ata avait effectivement conquis le titre de champion d’Europe en 1983. Uccle fort de ses succès dans les années 70 avait été invité à Alma Ata en 1976 alors que ce club en était à ses balbutiements. Tournée mémorable, qui avait permis aux Ucclois d’être aussi reçus à Moscou pour affronter l’équipe nationale. Le chemin parcouru par cette équipe soviétique était tout bonnement incroyable.

Le 1er match, le vendredi, contre Alma Ata, est crucial et épique, Uccle l’emporte 1-0 après une rencontre pleine de souffrances, grâce à des performances défensives exceptionnelles notamment de Grignard et de J. Vandenbalck. Les actions soviétiques sont bien contrôlées, et un but de Christian Vandergracht à la 54e minute est déterminant (photo 10). Le samedi Uccle affronte l’équipe locale de Terrassa, encouragée par un public très chaud, qui est grande favorite et mène d’ailleurs 2-0 à la 45e minute. Dans un sursaut d’orgueil Uccle revient, et parvient à arracher le nul grâce à 2 buts d’Urbain à la 54e et la 61e minute. Super sensation. Le dimanche, les Ucclois jouent le dernier match de poule et savent qu’ils doivent battre les Irlandais par 4 goals d’écart pour se qualifier pour la finale. Peu avant la mi-temps c’est déjà 4-0 pour Uccle qui joue brillamment. Sous les encouragements du public espagnol, les Irlandais dans un sursaut reviennent à 4-2 dans les 10 premières minutes de la seconde mi-temps, dans un climat de corrida, mais encore une fois les Ucclois, avec des ressources qu’ils vont chercher très loin, scorent par 2 fois à 12 et 7 minutes de la fin par C Vandergracht et P Urbain. Et ne sont plus rejoints. Un des plus grands moments certainement de l’épopée uccloise, avec un sentiment exceptionnel de bien être qui persista de longues dizaines minutes avec l’euphorie dans les vestiaires du stade, malgré les hurlements d’un public espagnol forcément déçu et particulièrement agressif.

Photo 10

En finale le lendemain, la performance est moins brillante (photos 11,12,13,). Les Ucclois, un peu fatigués sans doute, subissent la loi des Allemands, qui ont dans leurs rangs un phénomène, Heiner Dopp, en état de grâce, qui plante 3 buts pour une victoire de ses couleurs 3-2. Terrible déception : 3e finale de Coupe d’Europe des clubs champions perdue. (photo 14)

Après le titre national de 1984, Uccle s’impose encore en 84-85, avant de s’incliner devant la Rasante en 85-86, et remporte celui de 86-87, le dernier pour l’heure. Après 2 années moins fastes ; Uccle Sport descend en division 2 en 1990.

La suite de l’histoire se retrouvera quelques années plus tard avec l’éclosion d’une nouvelle équipe « home made » qui atteignit également les sommets.

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